Au Royaume du football

Dès l'annonce (en février dernier) de la rencontre amicale entre les Lions de l'Atlas et la Seleçao à Tanger, les passionnés du ballon rond au Maroc ne pensaient plus qu'à une chose : assister coûte que coûte à cet événement historique. Car non seulement était-ce la première occasion de célébrer avec les hommes de coach Walid, après la superbe quatrième place décrochée lors de la Coupe du monde 2022, mais se présentant aussi une opportunité de montrer au monde entier que, loin d’être le fruit du hasard, la performance du Mountakhab face à la Belgique, l’Espagne et au Portugal marquait l’ouverture d’un nouveau et glorieux chapitre pour le football africain.

Tous les chemins mènent à Tanger

Pour le premier rassemblement et le premier match amical post mondial, le choix du sélectionneur et de la FRMF est donc tombé sur un adversaire sans égal ! Rien de moins que le quintuple champion du monde et actuel leader du classement international de la FIFA : le géant brésilien. Une façon d’affirmer une fois pour toutes que désormais le Maroc joue dans la cour des grands. Car « le Brésil, c’est le pays du football » comme l’a rappelé Regragui lors de la conférence de presse d’avant match.

Pour Merouane, jeune homme vivant à Oujda, il était inconcevable de ne pas être sur place pour vivre ce moment, quelle que soit la distance à parcourir. Ses efforts pour être présent ont été récompensés au centuple avec une victoire de prestige (2-1) des Lions : "C'était intense et passionnant, avec des moments de tension et de suspense. Même si l'équipe brésilienne n'était pas au complet, je suis fier de nos joueurs et de ses chaleureux supporters pour leur incroyable performance. Les poulains de Walid ont fait preuve d'une grande détermination et d'un réel esprit d'équipe. C'était un honneur de voir le Maroc jouer et faire bonne figure face à une si grande équipe… Je suis ravi d'avoir été le témoin de cet événement historique. Vive le football et vive le Maroc ! "

La veille de ce match de gala, la ville du détroit se préparait à accueillir des supporters venus des quatre coins du royaume pour soutenir les coéquipiers de Hakim Ziyech. Les tangaouis comme les visiteurs étaient en ébullition à l'idée de voir jouer en direct leurs héros, après les secousses telluriques ressenties devant leurs écrans l’automne dernier. Des drapeaux semblaient flotter dans toutes les rues et des discussions animées résonnaient dans chaque café et restaurant. L'excitation et l'émotion étaient palpables et tout le monde déterminé à donner le maximum pour faire de cette soirée de Ramadan un succès total.

Soirée ramadanesque

Samedi un peu avant dix-neuf heures, de nombreux supporters se sont rassemblés devant le stade Ibn Batouta pour rompre leur jeûne. Un moment convivial qui s'est déroulé dans une ambiance festive, chaleureuse et familiale ; tout le monde a partagé son repas dans un esprit de solidarité. Et pour certains la rupture du jeûne s’est faite à l'intérieur du stade. Quelques minutes après le ftour, une foule de supporters a commencé à se diriger vers le plus grand stade du pays, arborant fièrement sur leurs épaules le drapeau aux couleurs du Maroc ou entièrement vêtus de tuniques rouges et vertes. Signe d’excitation et d’impatience les sifflets remplissaient l'atmosphère. À l'entrée des différentes zones du stade, l'organisation était parfaitement orchestrée.

Etudiants, personnalités publiques, membres de la presse ou forces de l'ordre, tous étaient unis sous un seul mot d'ordre : porter très haut le drapeau marocain. Houda, jeune femme qui a couvert la Coupe du monde pour la FIFA en tant que créatrice de contenu, avait conscience de la portée de la rencontre pour un pays qui souhaite organiser une CAN et une Coupe du Monde dans les prochaines années : « Le match amical entre le Maroc et le Brésil à Tanger est une réussite à tous les niveaux, l'organisation a été impeccable grâce à des infrastructures modernes. Cela me rappelle le Qatar. Il est important que les grands événements sportifs soient organisés de manière éthique et responsable, pour le bien-être des joueurs et des supporters. Le Maroc a montré que c'était parfaitement possible ».

Ne changeons pas une équipe qui gagne

Comme dans un rêve, le Onze national a donc réalisé un second exploit historique - après le Qatar - en battant la Seleçaodeux buts à un, devenant la première équipe arabe à réaliser cette prouesse. Tout au long de la rencontre, les hommes de Walid ont joué avec audace, en s'appuyant sur leurs atouts et en faisant preuve d'une grande combativité et d'un état d'esprit exemplaire. Soufiane Boufal a inscrit le premier but pour les siens, après avoir récupéré le ballon devant la surface, enchainé par un une-deux avec le jeune Bilal El Khannouss et terminé par un enchainement ronaldesquecontrôle-frappe en pivot.

En seconde période, l'ancien madrilène Casemiro a égalisé pour les Brésiliens d'une frappe lointaine qui a trompé Yassine Bono en rebondissant juste devant le portier qui a parfois paru fébrile. Cependant, les Marocains n'ont pas baissé les bras, la charnière défensive Aguerd - Saïss a su repousser les assauts sud-Américains tout au long du match, et un coaching gagnant de Regragui - l'entrée en jeu d'Abdelhalid Sabiri - a permis aux Lions de doubler la mise pour offrir une victoire historique à tout un peuple. Au final les Marocains ont une fois de plus émerveillé le monde en remportant une victoire (2-1) éclatante et pleine d'élégance - 7ekaan jelda comme on dit. Désormais dans la cour des grands, il faudra s’y habituer…

Dima Maghreb !